Exclusif : interview du père de Massamba Seck: confession d’un parent meurtri par la barbarerie

Vous êtes le papa Massamba Seck, l’homme qui a été malmené, ligoté par les policiers espagnols. Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez vu les images sur le Net ?

Merci à océan FM de m’avoir permis de crier mon indignation. Cette indignation, c’est pour tout un peuple parce que tout sénégalais se sent blessé dans son orgueil en voyant ces images. Même les militants des droits de l’homme se sentent également blessés parce que la scène que nous avons vécue est animalière. Même en voulant transporter une chèvre ou un mouton dans un car, on peut ligoter le pied mais on n’attache pas la bouche, on ne le bâillonne pas. C’est vraiment regrettable qu’un individu soit traité comme cela en ce 21e siècle. Dans ce nouveau millénaire, les choses ne devraient pas se dérouler comme cela surtout avec le développement d’Internet.

L’individu qui a filmé la scène nous a rendu service ainsi toute la communauté africaine. Ils n’imaginaient certainement pas que les images allaient faire le tour du monde. Ils savent maintenant que leur réaction est négative et malheureuse.

Avez-vous eu votre fils au téléphone depuis que cet incident s’est produit ?

Oui je l’ai eu hier (mercredi 24 juin 2009) à 20 heures (GMT). Mais auparavant, cela faisait un bon bout de temps que je ne l’ai pas eu au téléphone. Hier, on s’est parlé au téléphone et cela nous a vraiment fait plaisir. Il nous a signifié qu’il a souffert mais le moral est bon. Il est en train de récupérer.

Qu’est ce qu’il vous a expliqué quand vous l’avez eu au téléphone ? Est ce qu’il vous a expliqué pourquoi il a été malmené, pourquoi les policiers espagnols voulaient le rapatrier ?

Non, on n’a pas parlé de ces choses là car nous avions trop envie de l’entendre, d’entendre sa voix et surtout de le voir à travers skype. Mais on ne s’est pas posé ces questions-là. Nous ce qui nous intéressait, c’est sa liberté quand il nous dit qu’il était bien et qu’il était entrain de  récupérer, on ne s’est plus fait de souci.

Hier dans un communiqué, l’ambassade d’Espagne au Sénégal a accusé votre fils de vol et d’avoir eu des comportements répréhensibles par la loi espagnol.

Peut être peut être ! Cependant, ils n’ont pas d’arguments. Ils veulent d’autres arguments pour accabler mon fils mais ce qui s’est passé à la télé tout le monde l’a vu. Quand on parle de légalité tout le monde sait que ceci n’est pas de la légalité mais la police n’a pas à juger. Elle peut arrêter et de conduire à la justice mais pas de cette façon brutale même dans les pays où il règne l’anarchie on ne voit pas ce genre de scènes. Nous souhaitons que cela soit une parenthèse et pour qu’on puisse dire plus jamais ça. Non pas pour Massamba Mbaye mais aussi pour tous les africains.

Le communiqué disait qu’il avait des antécédents avec la police espagnole. Est ce que vous étiez au courant ?

J’étais au courant de cela. Mais ce problème remonte à trois ou quatre ans quand il vendait des CD. Néanmoins, tous les immigrés sont passés par là. Ça je l’avoue ! Toutefois, ce n’est pas un crime, ni braquage, encore moins un vol à main armée. Tous les immigrés sont passés par la vente des CD ou des pacotilles jusqu’à ce qu’ils trouvent un meilleur boulot, de meilleures conditions.

Donc Massamba Seck n’est pas un voleur ?

Je ne le connais pas voleur, ni son entourage ne le connais voleur. Je vous l’ai dit si vous faites un micro trottoir vous vous en rendrez compte. Tout ce que je dis colle avec la réalité

Dans quelle condition est-il entré en Espagne par la voie clandestine ou par la voie légale ?

Par la voie clandestine bien sûr ! En ce moment, il n’y avait pas la voie officielle. L’immigration n’était pas officielle.

Est ce qu’il est actuellement en situation régulière ?

Il n’a pas encore ses papiers. Il est allé pour voir s’il a été régularisé parce que bon nombre de sénégalais ont été régularisés depuis 2003. Il était venu s’enquérir de la situation, c’est en ce moment que les policiers l’ont ligoté, menotté et ont voulu l’embarquer pour un retour forcé.

J’en profite pour saluer la solidarité des passagers de ce vol qui ont refusé d’embarquer avec un homme malmené, ligoté.

Depuis qu’il est en Espagne, est ce que Massamba Seck s’occupe de vous, de ses parents ?

Oui il nous aide il s’occupe bien de nous. Moi je suis un enseignant à la retraite. Sa mère est ici, nous avons une fille qui est aux Etats unis qui nous aide aussi. Massamba nous aide, nous envoie de l’argent si les affaires marchent bien, mais il n’envoie pas en période de vache maigre. Nous assumons, nous le soutenons autant que nous le pouvons. Nous soutenons sa femme qui est ici dans la maison et qui garde sa dignité et sa fierté. b[